#PhotographeDuMois

Yann Audic, l’alliance de la photographie de mode et de mariage

Hello, je m’appelle Yann, je suis breton mais je suis basé à Paris.

Je partage mon temps à 50% entre la photographie de mariage et 50% avec la photographie de mode, de lifestyle, de design et de la photographie plus corporate et institutionnelle.

Comment aimes tu te décrire ?

Volontaire, dynamique, loyal, je suis plutôt de bonne humeur, dur comme question (-:

jeune couple de mariés - photo de Lifestories Wedding Photography

couple de mariés - noir et blanc - par Life Stories

Comment la photographie est entrée dans ta vie ?

Cela a toujours été un peu là mais j’ai vraiment débuté la photographie professionnellement en 2008, j’ai alors réalisé un reportage photographique en Russie et Ukraine, enfin à la base c’est moi tout seul qui déambule à travers la cambrousse russe et je finis à Sébastopol en Ukraine, enfin en Russie maintenant, par le hasard de rencontres. Bref je ramène pas mal d’images. J’ai eu la chance d’être repéré par un éditeur qui a décidé de publier ce travail sous la forme d’un livre, Davaï, puis une expo du coup, j’ai eu aussi de bonnes publications. Voilà c’est le point de départ.

A peu près à la même époque, je suis parti vivre en Australie, j’y suis resté presque 4 ans. J’y ai continué un peu la photographie documentaire et réalisé une série sur la boxe au sein de la communauté aborigène de Sydney, une expérience marrante où j’ai dû d’abord faire de la boxe avant d’avoir le droit de faire des images, j’y suis allé 2-3 fois par semaine pendant 3 mois, c’est une longue histoire, mais le boxeur local pro m’a demandé de le suivre sur un combat et je me suis retrouvé au milieu d’un mélange semi-sportif semi-mafieux assez particulier, j’ai un peu flippé au bout d’un moment mais au final j’ai eu une bonne publi dans un journal national australien et dans un magazine à la mode…

Frankie issue 32.pdf

Pour me lancer dans la photographie commerciale, j’ai commencé à travailler en tant qu’assistant-photographe, pendant 3 ans j’ai bossé sur pleins de jobs différents, de la mode, de la pub, de la food photography, des célébrités, en studio en en « location », sur la plage, dans les dunes avec camion de matériel et générateurs, le but du jeu  étant de réussir à équilibrer job d’assisting et travail perso, autrement tu peux rester assistant toute ta vie.

C’est cependant un élément absolument essentiel de mon éducation photographique qui fait que je suis capable de bosser en lumière naturelle ou artificielle, à l’extérieur ou en studio. J’y ai appris toute la partie technique : la lumière, la suite digitale, le MF digital mais surtout la production, le management d’une équipe sur un shooting et le plus important la direction des personnes photographiées : mannequins, célébrités et surtout des gens moins habitués à la caméra, bref et si tu travailles avec un photographe intelligent, il collabore vraiment avec toi et tu participes au processus créatif, tu n’es pas là que pour installer le lighting et régler la caméra.

J’ai commencé à peu près en même temps le mariage à Sydney, un pote assistant qui m’a demandé de le dépanner pour être second shooter et hop j’étais dedans, j’ai tout de suite trouvé ça assez cool, la dimension documentaire, rentrer dans le quotidien des gens et puis la dimension portrait qui permet de prendre un peu le contrôle. Bon c’était complètement caché entre assistants au début, on disait jamais qu’on shootait des mariages le week-end alors que beaucoup d’entre nous le faisait, mais je les comprends toute la semaine tu bosses sur des grosses prod’ avec du matos, des mannequins célèbres, le make-up et les cheveux sont nickels, on te nourrit toute la journée, c’est un tout petit peu moins glam’ en wedding quand t’es juste second shooter et que tu ne choisis pas où on t’envoie. Du coup j’ai toujours séparé les activités, et j’ai créé un studio et une marque spécifique, Lifestories Wedding, je sépare moins désormais, l’image de la photographie de mariage a pas mal changé aussi car la photographie de mariage est bien meilleure, elle s’est rapprochée de l’univers lifestyle, les design de robes se sont révolutionnés, les hairs & MUA se sont assagis (-: y’a plein de supers talents dans cet univers maintenant.

Enfin retour en France avec Naoko en 2012, et là je dois rendre hommage à Nessa de La Mariée Aux Pieds Nus, qui a été la première à me publier et me faire connaître, mon pote Sébastien Boudot qui m’a filé des doublons, Anouch et Laurence d’Epouse Moi Cocotte  qui m’ont soutenu sur un premier job en France alors que j’étais toujours à Sydney, chouette confiance ! Bon j’arrête on dirait les Césars en moins bien. Mais quand même je suis revenu je connaissais personne, ça a été essentiel et ça l’est toujours, et en plus maintenant ce sont des amis, c’est cool !

Ton style. Portrait ou paysage ?

Ça dépend surtout de la focale, et du type d’image. En studio, et plus particulièrement en mode c’est 90% portrait, en moyen-format 6×4.5 à 80mm aussi. Alors qu’en 24×36 à l’extérieur, c’est 75% paysage et 25% portrait, mais c’est lié aux objectifs que j’utilise en l’occurence 50mm et 35 mm essentiellement, ça doit représenter 95% de mes images prises sur un mariage.

jeune et jolie mariée

Jeune mariée - photo en noir et blanc

Argentique ou numérique ?

C’est l’un de mes objectifs 2015, introduire plus d’argentique dans mon travail.

Déjà pour toutes les choses persos je suis passé à l’argentique , et j’essaie de le faire de plus en plus en mode, enfin au moins de shooter hybride, c’est à dire en mixant moyen-format argentique et numérique, c’est pas toujours évident car les clients pros sont habitués à ce que l’on shoote en tethered (camera connecté à l’ordi), pour eux c’est dur voire impossible de ne pas repartir du studio avec la certitude d’avoir l’image. En mariage et séance d’engagement, je réserve l’argentique à la partie portrait … work in progress.

Lumière naturelle et/ou artificielle ?

En mariage, essentiellement lumière naturelle, j’utilise le speedlite pendant la soirée en bounce pour déboucher si la lumière n’est vraiment pas terrible. En fin de soirée sur la piste de danse, je flash straight forward en hyperfocale et avec des temps de pose long pour avoir des filés.

bouquet de mariée

interview-photographe-mariage-lifestories-train

Parles nous un peu de ta charte graphique, ton logo…

Un motto « simple is beautiful » ça c’est clairement une influence de ma femme Naoko. Elle est architecte, japonaise, et a fait une partie de ses étude en Suède, en ontologie. Elle a le contrôle sur la charte graphique, enfin je le développe, elle valide les pistes, rien ne sort sans son consentement, c’est elle la boss en vrai!

Logo life stories wedding

Comment se compose ton sac photo ?

Deux Canon 5D,  en objectifs 50 mm, ma lentile favorite, 35 mm, 85 mm, et un 24-70 et 70-200 que j’utilise pour des choses très précises. Des flash speelite, et maintenant j’essaie de glisser un Contax 645, enfin glisser vu la taille c’est plutôt pousser … et aussi un polaroid Land 250, un petit compact argentique bon ça fait lourd tout ça il faut choisir parfois !

Tu dois partir 2 jours sur une île déserte, quel matériel amènes tu ?

Avec tout le sable et l’eau de mer, je prends mon Nikonos V, c’est mon seul appareil qui va dans l’eau !

J’ai essayé de faire des photos de surf argentique dernièrement (qui est ma vrai passion dans la vie, je suis Breton (-: ) avec le Nikonos, mais en de plus nager dans les vagues, mesurer l’expo, viser, c’est un peu sport j’ai un ratio pas terrible …

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Quel est le top 3 des photographes que tu suis ?

Ce n’est pas forcément des photographes mondialement connus mais plus des photographes avec qui j’ai bossé qui m’ont appris pleins de choses. Je pense à James Cant, Nick Hudson, Jason Ierace, Harold David, Georges Antoni …. Après il y a des photographes que j’adore : Guy Bourdin ou Parr (période UK), des choses plus conceptuelles/fashion genre Erwin Olaf, et ce sans doute avec lequel je me sens le plus proche, c’est le portrait documentaire type Rineke Dijkstra, Denis Darzacq. Je suis nul je me souviens jamais des noms.

Quel serait le shooting/reportage de tes rêves ?

Un shooting lifestyle à Dunkerque, au Havre ou à Brest, ce serait super, et je suis sérieux. En l’occurence j’ai déjà fait un édito mode-lifestyle à Brest, c’est super inspirant. J’imagine très bien un shoot d’inspiration wedding là bas aussi ! Bon après les destinations paradisiaques je dis pas non, je vais photographier un mariage en Australie dans 3 semaines, j’avoue que je suis super excité aussi après 4 mois d’hiver !!

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Quelles sont tes astuces pour rester créatifs ?

Faire la vaisselle, j’ai pleins de trucs qui passent dans ma tête, je règle pleins de problèmes aussi en faisant la vaiselle, ça marche aussi avec le repassage, mais je repasse rarement. Et plus classiquement, magazines, expos, blog … et parfois justement l’absence totale de stimulus, le vide quoi et y’a des trucs qui viennent.

Quelle est la formation que tu as préférée, ou celle que tu souhaiterais faire?

C’est clair que c’est toujours utile d’échanger, c’est « tarte à la crème » mais on fait un métier assez solitaire, y’a pleins de dimensions sur lesquels échanger, par exemple l’aspect plus business, pricing, branding est clairement utile au bout d’un moment quand on n’a pas de notions autre que purement photographiques et techniques. Et donc oui j’ai fait des WS mode à Sydney qui avaient été très mauvais mais j’en ai jamais fait en wedding, c’est dans mes plans, y’en a un en Novembre prochain à l’étranger qui me fait les yeux doux, on va voir.

En fait, à chaque fois que l’on se rencontre avec la « wedosphère » sur Paris c’est super stimulant ou quand on a fait notre filmcamp « Oregon in Perigord » avec les copains de Bubblerock, on a des miliers de trucs à discuter, à s’apprendre, c’est un truc en perpétuel évolution, on a jamais assez de temps du coup j’aimerai passer plusieurs jours, faire un WS avec des photographes étrangers c’est important, des filles photographes aussi, bref des gens qui n’ont pas le même background que moi, pas la même façon de penser.

interview-photographe

Film Camp - Photographes argentique

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Préparation de la séance, workflow, post-traitement… que peux tu nous dire de ton organisation ?

Pour le mariage, les jours précédents je fais mon petit road book pour ne pas me perdre, c’est rarement en face de la gare … un petit mail aux mariés pour checker que tout est ok, je checke mon matos, je synchronise l’heure de mes 2 boitiers, je ne sais pas pourquoi mais ça se décale tout le temps, bref ça évite que ce soit décalé entre les 2 boîtiers ensuite dans LR. Je fais le reportage, j’upload et je back-up directement même en pleine nuit, j’ai vécu des situations un peu traumatisantes, c’est ceinture et bretelles pour les fichiers, et le lendemain et les jours suivant culling et retouche, tout sur Lightroom sur lequel j’ai mes routines.

As-tu des projets en préparation, ou réflexion ?

Oui des projets, notamment avec d’autres copains wedding photographers, un projet de livre sur le Japon et bien sur continuer JeanMarie Magazine, le magazine que je gère avec 2 autres potes bretons, on en est à notre 3ème numéro. C’est un 80 pages imprimés en Bretagne remplis d’histoires, de portraits, de fictions, d’interviews avec bien sur beaucoup de photos, mais aussi de l’illustration, de la peinture, et pourquoi JeanMarie ? Ah il faut nous lire pour comprendre !

interview-jeanmarie-magazine

Comment te vois tu d’ici 5 ou 10 ans ?

Ouh la, who knows ! Je serai toujours autour de ce qui touche à l’image, c’est mon truc de toutes façons.

ton conseil pour les photographes qui nous lisent :

Shooter, shooter, shooter, tout le temps, toujours ! Bien sur je ne me l’applique pas mais j’essaie quand même un maximum !

 

Yann_Audic_Logo

www.yannaudic.com
www.lifestorieswedding.com

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