La reconversion d’Emilie Bernard

D’aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours aimé les jolies images. Celles qui racontent une histoire, avec d’abord le dessin et les illustrations pour enfants dans les livres (que j’aime toujours autant et que je collectionne pour ma fille), puis dans les beaux albums photos familiaux. Mon père s’étant découvert une petite passion avec son Konica Minolta à l’époque, il m’a laissé de très jolis souvenirs de mon enfance. Je crois que c’est là que tout a commencé, que j’ai eu envie moi aussi de créer mes propres images. J’ai eu de nombreux appareils jetables, puis mon premier appareil argentique, j’ai même réalisé un ou deux stages proposés par ma ville à l’époque… Mais je n’ai jamais pensé en faire un jour mon métier.

Assez bonne élève je visais un parcours d’ingénieur.

Encouragée par mes parents et mes profs pour avoir « une situation », stable et rémunératrice, je ne savais pourtant pas trop vers quel domaine me diriger. J’ai toujours été « touche à tout », un peu manuelle, un peu littéraire, un peu scientifique… Je me suis toujours intéressée à beaucoup de choses sans réussir à trouver quelle était ma vocation. Finalement la balance a penché vers les sciences et j’ai décroché quelques années plus tard (après des détours par l’agronomie et la biologie humaine) un master en environnement spécialisé en biodiversité. Je m’occupais donc de la gestion des espaces naturels, de la faune et de la flore, et j’aimais plutôt ça.

Je faisais un peu de photo naturaliste, car entre temps mes parents m’avaient offert mon premier réflex dont je rêvais depuis quelques temps déjà, surtout pour faire de la macro et de la photo animalière dans mon travail. Alternant périodes de chômage et CDD de courtes durées, j’ai sérieusement envisagé d’essayer de me professionnaliser dans ce domaine pour ajouter une corde à mon arc, mais je n’arrivais pas à trouver la motivation, et pour cause…

J’ai découvert que ce que j’aimais vraiment c’était photographier… les gens !

Je m’étais éloignée de ce qui me plaisait réellement avec la photo : le contact, les émotions humaines, la création de souvenirs. J’ai alors approfondi mes connaissances, réalisé quelques reportages de mariage pour des amis, photographié encore et encore ma famille, sans oser me lancer professionnellement. Il ne faut pas se mentir, quand on a fait beaucoup d’études c’est aussi un cheminement pour accepter de les laisser de côté pour faire autre chose, même si on se dit que ce qu’on a appris n’est jamais perdu. Et puis il y a la pression de l’entourage, un peu de culpabilité de finalement bifurquer totalement, qui plus est pour un métier « passion » comme photographe !

En 2013, j’ai eu l’immense bonheur de devenir maman, et (comme pour un certain nombre de femmes photographes je crois) ça a été le déclic. Je n’avais plus envie d’accepter des CDD à travers la France, et j’ai senti que c’était le moment de réaliser mon rêve. Après avoir longuement mûri mon projet, notamment avec mon conjoint car il y a forcément des impacts familiaux et financiers, j’ai sauté le pas.

Me voilà donc photographe à temps plein pour mon plus grand bonheur (enfin, à mi-temps car une petite chipie occupe aussi beaucoup mes journées!). L’aventure commence pour moi, et elle est passionnante ! Je n’ai pas laissé tomber pour autant ma seconde passion (la nature), je suis naturaliste à mes heures perdues et j’adore allier mon amour des paysages avec la photo en trouvant de jolis lieux pour mes séances lorsque c’est possible.

Je me sens chanceuse de faire ce que j’aime.

Fière de m’être lancée malgré les incertitudes du début, d’endosser toutes les casquettes du métier (un peu photographe, un peu webmaster, un peu comptable, un peu chargée de com…). Je partage des moments riches en émotions, en sourires, en bonheur avec des gens qui s’aiment et c’est à chaque fois une belle parenthèse dans ce monde un peu fou. Je suis toujours un peu surprise et tellement heureuse de recevoir de plus en plus de demandes de personnes qui veulent me faire confiance.

Ce n’est, je l’espère, que le début d’une belle histoire…

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